Le retrait de la Russie d’un accord conclu sous l’égide des Nations unies, qui garantissait le passage en toute sécurité des navires transportant des céréales en provenance d’Ukraine, risque d’aggraver la crise alimentaire mondiale. Pour justifier sa décision, Moscou évoque des attaques de drones ukrainiennes, une accusation que Kiev a tôt fait de réfuter, la décrivant comme un « faux prétexte ».
Bref retrait de la Russie
Au cours de la 36e semaine de guerre en Ukraine, la Russie s’est retirée d’un accord parrainé par les Nations unies garantissant le passage en toute sécurité des navires céréaliers dans la mer Noire, pour le réintégrer trois jours plus tard. Le retrait de Moscou au cours du week-end a ravivé les craintes d’une crise alimentaire mondiale, craintes qui n’ont pas été complètement dissipées depuis que la Russie a réintégré l’accord, car son retour était assorti de conditions.
Des responsables à Moscou avaient déclaré que les navires céréaliers pourraient avoir servi de couverture à une attaque contre sa base navale à Sébastopol, dans la péninsule de Crimée. Depuis lors, la Russie a déclaré avoir reçu des garanties écrites de l’Ukraine selon lesquelles le couloir de sécurité ne serait pas utilisé à des fins militaires. Pour rappel, l’Ukraine est l’un des plus grands exportateurs de céréales au monde, et cette décision a momentanément menacé ses revenus d’exportation ainsi que la sécurité alimentaire mondiale, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. Mais la Turquie et les Nations unies, parties prenantes à l’accord connu sous le nom d’Initiative de la mer Noire, ont maintenu le couloir de sécurité pendant le bref retrait de la Russie.
Attaque par drone
L’attaque de Sébastopol a eu lieu avant l’aube du 29 octobre. L’Ukraine a diffusé des images nocturnes de ce que l’on appelle des véhicules de surface sans pilote, essentiellement des torpilles intégrées à des bateaux, se dirigeant vers des navires de la marine russe dans le port de Sébastopol ou à proximité. Les images de l’un de ces drones navals montrent qu’il s’approche d’une frégate de classe Grigorovitch, identifiée comme l’Amiral Makarov, avant de s’éteindre. Il n’est pas clair si la frégate a été touchée. Le ministère russe de la Défense a déclaré que le Makarov n’avait pas été endommagé et qu’un dragueur de mines avait subi des dégâts mineurs. D’autres images montrent un drone aérien explosant dans le port même.
Vers une crise alimentaire mondiale ?
La région de la mer Noire est traditionnellement l’un des principaux fournisseurs mondiaux de produits de base essentiels tels que le blé et le maïs, l’Asie étant une destination clé pour les cargaisons en provenance de la région. Une baisse des expéditions est susceptible d’entraîner une hausse des prix qui s’étaient relâchés ces derniers mois, accentuant la pression sur les consommateurs confrontés à la hausse du coût de la vie. Aujourd’hui, les experts estiment que les pays d’Afrique et d’Asie, qui dépendent fortement des importations de céréales en provenance d’Ukraine, jugeront inacceptables les tentatives du Kremlin de perturber l’accord et d’utiliser la nourriture comme une arme.
Signée le 22 juillet, l’initiative sur les céréales de la mer Noire devait durer 120 jours, les Nations unies s’attendant à ce qu’elle soit renouvelée si la guerre n’avait pas pris fin d’ici là. Mais la Russie, qui a envahi l’Ukraine le 24 février, a mis fin à son rôle dans l’accord pour une « durée indéterminée », déclarant qu’elle ne pouvait pas « garantir la sécurité des navires civils » voyageant dans le cadre du pacte après une attaque contre sa flotte de la mer Noire. Depuis, la Russie a réintégré l’accord après avoir obtenu des garanties écrites de l’Ukraine.