Depuis plus de 50 ans, l’excès de gras a toujours été considéré comme un véritable danger pour la santé. Bien que cette affirmation soit avérée, il convient néanmoins de noter que ce n’est pas le seul élément à risque pour l’homme. En effet, le sucre est tout aussi mauvais pour l’organisme et sa surconsommation engendre de nombreux problèmes graves. Celui-ci a toutefois pu rester inaperçu ces nombreuses années à cause du lobby du sucre. De quoi s’agit-il au juste ? Quels impacts entraînent cette stratégie de persuasion ? Voici tout ce qu’il faut retenir à ce sujet !
Le lobby du sucre : une stratégie soigneusement planifiée pour faire taire la vérité
Les effets d’un excès de gras sont généralement connus du public, notamment grâce à des connotations bien définies par les experts. Afin d’y remédier, différentes campagnes ont été effectuées pour sensibiliser la population et les restaurateurs à ce danger. Cela explique pourquoi de nombreuses entités luttent désormais contre la surconsommation de ces fameux acides gras saturés en cuisine. Ce n’est malheureusement pas le cas avec le sucre qui peut, cependant, être aussi dangereux que le gras, et voire pire.
L’explication est simple d’après Stanton Glantz et son équipe dans une étude sur l’histoire de l’industrie sucrière et les recherches sur les maladies coronariennes. Publiée sur le Jama Internal Medicine en 2016, celle-ci avance que l’industrie a réussi à semer le doute sur les dangers réels du saccharose. Les chercheurs se sont basés sur une analyse de milliers de documents d’Harvard et d’autres bibliothèques pour arriver à cette conclusion.
En effet, selon eux, la Fondation pour la recherche sur le sucre (SRF) aurait soudoyé des scientifiques, en 1964, dans ce sens. Son objectif était notamment de lancer un programme d’études sur le sucre et le gras. Toutefois, les chercheurs qui en avaient la charge devaient rendre délibérément ce dernier plus dangereux afin de disculper le sucre d’être responsable des maladies coronariennes.
Cette stratégie a malheureusement porté ses fruits avec la publication de l’étude sur les graisses alimentaires, glucides et maladies vasculaires athéroscléreuses en 1967. Celle-ci a réussi à influencer le monde scientifique de diverses manières. Mark Hegsted, l’un des scientifiques payés par le lobby du sucre, était même devenu responsable au sein du ministère de l’agriculture américain à l’époque.
Aujourd’hui, les origines de financement des chercheurs sont devenues plus transparentes contrairement aux années 1960, selon Walter Willett. Cela permet, entre autres, d’éviter les conflits d’intérêts. Malheureusement, les industries continuent toujours d’influencer la recherche jusqu’à présent. Voilà pourquoi ces études doivent être financées par des fonds publics plutôt que par des industriels, d’après le professeur de nutrition.
Différentes techniques adoptées pour protéger la consommation de sucre
Depuis quelques années, les révélations sur les effets du sucre se sont multipliées faisant tomber le voile bien caché du lobby du sucre. L’un des faits marquants contribuant à cette conclusion est évidemment le déploiement du fameux Nutri-Score. Il s’agit d’un système d’étiquetage nutritionnel à 5 niveaux, développé par le scientifique Serge Hercberg. Lancé en 2014, il utilise des algorithmes pour évaluer les propriétés nutritionnelles d’un aliment.
Le dispositif est entré en vigueur sur le territoire français en 2016. D’autres pays d’Europe ont suivi l’exemple après que le système ait été soutenu par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ainsi que d’autres entités dans le milieu médical. Pour rappel, celui-ci permet notamment d’aider la population à mieux choisir leur nourriture et de participer à la lutte contre les maladies cardiovasculaires, l’obésité et le diabète.
Actuellement, le père du Nutri-Score envisage de vulgariser son système à toute l’Europe en proposant de l’appliquer de manière obligatoire. Cette initiative ne fait évidemment pas ravir les multinationales spécialisées dans les sucreries. Les représailles n’avaient donc pas attendu bien longtemps avant de se montrer. Différentes actions promulguant le lobby agroalimentaire ont alors eu lieu afin de discréditer le dispositif.
Les plus notables concernent les critiques à l’encontre de l’algorithme de Nutri-Score. Certaines entreprises, à l’instar de Coca-Cola, Mars, Ferrero, Mondeles ou encore Lactatis, ont notamment pris part à ces contestations. Il en est de même de plusieurs politiciens et eurodéputés comme Paolo De Castro par exemple. De son côté, Serge Hercberg avoue avoir reçu aussi de nombreuses critiques et même des menaces de mort en ligne.
Par ailleurs, le lobby du sucre utilise d’autres méthodes moins directes pour arriver à ses fins. Différentes publicités, études et recherches sont lancées à cet effet en vue de populariser la consommation plus raisonnée du sucre. La proposition des édulcorants et le recours aux influenceurs en sont de parfaits exemples. De plus, les industriels continuent de financer les scientifiques et de s’activer auprès des parlementaires dans ce sens.
Les actions de la santé publique face aux lobbying du sucre
Bien que les effets du sucre sur la santé soient irréfutables, sa popularité reste encore inchangée. Le goût très apprécié des produits sucrés transformés et l’énorme investissement des industriels du sucre dans ce domaine expliquent ce phénomène. Selon une étude de l’ONG Corporate Europe Observatory (CEO), ces derniers attribuent près de 21,3 millions d’euros par an pour le lobbying auprès de la Commission européenne.
Le secteur de la santé essaie toutefois d’y remédier avec différentes alternatives au détriment des acteurs tels que l‘Association nationale des industries alimentaires (Ania). Selon l’OMS, la taxation des produits riches en sucre figure parmi les solutions efficaces pour cela. Combinée avec des subventions pour l’achat de produits plus sains, la consommation de sucre peut radicalement diminuer auprès de la population, selon elle.
L’étiquetage nutritionnel se présente aussi comme une option intéressante dans cette perspective. Cela permettrait de disqualifier plus facilement les produits très sucrés ou très gras. Une rude bataille fait toutefois rage sur ce domaine comme sur la fixation d’un seuil de référence sur la consommation de sucre. L’OMS indique une limitation à moins de 10% alors que l’agence sanitaire européenne recommande, quant à elle, un seuil de plus de 20%.
Bien entendu, la santé publique ne s’arrête pas là pour lutter contre la surconsommation de sucre. Cela contraint ainsi plusieurs industriels à revoir leur stratégie et à adopter des feuilles de routes spécifiques. Différentes entreprises commencent à brandir de nouveaux engagements en faveur d’un sucre plus sain. D’autres se tournent vers la sensibilisation des consommateurs avec des avertissements et des conseils plus efficaces.
Malheureusement, les actions adoptées par les industriels ne sont pas encore suffisantes pour résoudre le problème. De plus, certaines solutions qu’ils proposent ne sont pas réellement sans danger comme le démontre une étude de l’Inserm sur l’aspartame, parue en septembre 2022. D’après elle, celle-ci, une association entre édulcorants, montrerait encore plus de risque pour la santé.