Parmi les enjeux de santé publique en France, l’obésité et la perte d’appétit chez les personnes âgées hospitalisées méritent d’être mieux compris. Pour cela, il est important de mieux cerner les différentes notions suivantes : le phénomène de satiété, le rassasiement, la faim ou encore la fringale. Le rôle du cerveau dans ces mécanismes est particulièrement essentiel pour pouvoir les cerner. Voici un guide pour être en mesure de les différencier et agir efficacement selon la problématique existante.
Définition des notions d’appétit, de faim, de satiété et de rassasiement
L’appétit se définit comme le désir de se nourrir. En d’autres termes, cette notion se rapporte à la motivation de manger et donc à certaines préférences alimentaires. La faim doit normalement accompagner ce désir de nourriture. Elle correspond plus précisément à un état d’éveil découlant d’un déficit énergétique du corps. Ce qui suscite essentiellement un apport alimentaire.
La satiété, quant à elle, est tout simplement la sensation de non-faim, notamment entre deux repas. Elle est à distinguer du phénomène de rassasiement. Cet état survient au moment de la prise d’aliments, plus exactement lorsque la sensation d’avoir assez mangé émerge. Cela signifie que la faim a été assouvie et le rassasiement permet d’adapter la bonne quantité d’aliments à ingérer.
Il faut aussi savoir que plusieurs facteurs entrent en jeu dans la régulation de l’appétit. En effet, ce dernier dépend de plusieurs mécanismes (sensoriels, nerveux, digestifs, etc). Ceux-ci stimulent ou au contraire, freinent l’alimentation. Tout d’abord, l’entrée des aliments dans l’estomac provoque une distension du volume gastrique. Ce qui a pour conséquence de réduire progressivement la sensation de faim de manière un peu similaire aux aliments coupe faim.
Cependant, le rassasiement varie selon chaque individu et se déclenche plus tardivement, au cours du repas, chez les personnes obèses. Par ailleurs, l’organisme émet des hormones (insuline, leptine ou ghréline) et autres peptides entéro-digestifs jouant sur la satiété. Si celle-ci est déréglée, cela peut entraîner des dysfonctionnements au sein de l’organisme.
Quelques exemples de troubles alimentaires et leurs causes
Logiquement, le fait de se nourrir devrait découler d’une sensation de faim. Toutefois, il semblerait bien que divers cas de figure vont à l’encontre de cette notion de base. Pour illustration, de nombreux parents, pour inciter leurs enfants à terminer leur assiette, leur promettent un dessert en fin de repas.
Cette habitude tend néanmoins à conditionner le cerveau de l’enfant à avoir une récompense. L’enfant peut alors continuer à manger alors même qu’il n’a plus faim, juste pour recevoir son dessert. Les signaux de satiété sont tout bonnement ignorés et un nouvel appétit surgit en fin de repas, appelé plus communément “estomac de dessert”.
D’autre part, les émotions peuvent avoir des répercussions sur le comportement alimentaire d’un sujet. Une personne ayant passé une mauvaise journée a souvent tendance à trouver réconfort dans la nourriture. Les émotions positives de l’enfance sont aussi susceptibles d’éveiller les moments de gourmandises.
Déguster une glace lors d’une sortie au cinéma ou encore dévorer des friandises durant un anniversaire sont autant d’exemples à prendre en compte. Ces moments créent des liens spécifiques envers la nourriture qui perdurent jusqu’à l’âge adulte. Les statistiques démontrent pourtant qu’environ 50% des personnes souhaitant perdre du poids dans le monde pointent du doigt leur consommation de sucrerie et autres moments de transgression alimentaire.
Comprendre le phénomène de satiété
Les hormones sont au centre de l’incitation à manger. Lorsqu’une personne consomme, par exemple, des produits transformés, sucrés ou salés, son organisme produit de la dopamine. C’est le fameux “neurotransmetteur du bien-être” qui opère dans le mécanisme de récompense au sein du cerveau.
De même, la privation alimentaire freine la production de leptine qui est une hormone coupe-faim. Au contraire, le corps se met à produire de la lipoprotéine lipase qui est une enzyme favorisant le stockage des graisses. La ghréline est, pour sa part, appelée “hormone de la faim”. Elle alerte l’hypothalamus lorsque l’estomac est vide afin que la personne se nourrisse.
Il faut également rappeler que le corps n’est pas en mesure de stocker convenablement les graisses lorsqu’il est privé de nourriture. Lors d’une restriction alimentaire, un signal de détresse est émis par hormones engendrant l’envie de manger. Une préférence est faite pour les aliments gras qui sont plus riches en calories.
D’autres facteurs physiologiques, tels que le stress, un trouble de l’humeur, voire la grossesse, peuvent avoir un impact sur l’appétit. Concrètement, ces derniers provoquent la production de cortisol par les glandes surrénales. Ce qui a pour effet d’augmenter les stimulations métaboliques de l’organisme.
Autrefois le stress avait d’autres causes que le stress de la civilisation actuelle. Malgré tout, le corps réagit de la même façon quel que soit le type de stress. L’organisme déclenche un mécanisme de remplacement de l’énergie dû au stress, alors que cela n’est pas du tout nécessaire. En conséquence, l’appétit est accru et les préférences s’orientent vers les aliments riches en glucides ou gras.
Les solutions envisageables pour perdre du poids et pour lutter contre la perte d’appétit
Les programmes visant à obtenir une perte de poids ou à le stabiliser doivent agir à la fois sur les plans nutritionnel, physique et comportemental. Toujours est-il que même si les conditions sont assez bonnes, comme par exemple dans la cas d’une mise en pratique de la diète méditerranéenne, le cerveau peut toujours pour x raisons aller à l’encontre du but à atteindre. Ce qui incite à avoir un comportement adéquat durant le programme.
De nombreuses recherches sont réalisées dans cette voie. Une souche probiotique (L. rhamnosus HA-114) est par exemple à l’étude, car censée améliorer le comportement alimentaire et l’humeur des personnes en surpoids qui suivent un régime alimentaire. Une autre étude s’est penchée sur le ciblage des récepteurs gustatifs au niveau du système digestif.
L’objectif étant de favoriser la production d’hormones de la satiété et ainsi limiter les comportements alimentaires excessifs. Les personnes sujettes à un risque de dénutrition sont, elles aussi, au centre des préoccupations. Un fait qui concerne généralement les personnes âgées.
Celles-ci étant le plus souvent déjà victimes d’un déclin des capacités chimio-sensorielles et de troubles bucco-dentaires. Comme alternatives pour booster leur appétit, certaines recherches préconisent de stimuler les leviers sensoriels en vue de prévenir tout cas de dénutrition.
Concrètement, le plus important est d’agir sur le goût avant de travailler l’aspect des aliments. Ensuite, l’acte alimentaire en lui-même est à redéfinir pour que le repas soit un moment de plaisir. Enfin, la présentation des plats est un autre point à perfectionner (taille des portions, variété des aliments, etc).